Pourquoi une Assurance Sociale Alimentaire?

Conte

L’hiver bat son plein en ce lundi matin 3 janvier 2034, les flocons commencent à recouvrir gentiment les trottoirs qui mènent jusqu’à l’épicerie. Ce n’est pas de chance, se dit M. Huguenin, «le jour où je vais faire les courses ! ».
Mais, il se rassure vite : aujourd’hui, ce n’est pas un jour comme les autres, il pourra utiliser pour la première fois sa carte de l’ASA, qu’il vient de recevoir : «Antoine, Léna… habillez-vous chaudement, on sort faire les courses !»

Les enfants s’habillent rapidement, ce qui ne manque pas de surprendre le papa… «mais qu’est-ce qui vous arrive ? C’est à cause de la neige ?» Non, papa… on aime bien aller dans la petite épicerie, parce que Mme Schmidt nous donne toujours un petit bout de gruyère AOP à goûter ».
Alors, vous avez de la chance, dorénavant on va y aller plus régulièrement, parce que c’est aujourd’hui que la carte ASA est active et créditée de 240.- pour notre petite famille de 4.

Mais papa, tu dis toujours que tout coûte trop cher et puis Mme Schmidt, elle n’a pas tout dans son épicerie ! C’est vrai que les prix ont bien augmenté ces dernières années, mais tu sais Léna 240.- c’est déjà une belle petite somme. Et puis on est sûr que les produits de chez Mme Schmidt proviennent de fermes des environs, qui respectent l’environnement et les agriculteurs. Et rien ne nous empêche d’aller acheter le reste des courses ailleurs... Mais ça nous fait faire de belles économies, grâce à cette assurance solidaire. En plus, j’aimerais m’acheter une bonne bouteille de chasselas pour l’apéro du petit Nouvel An. 
Et ça on ne peut pas l’acheter avec la carte !

Pourquoi une Assurance Sociale Alimentaire (ASA)

Le préambule de notre Constitution fédérale stipule que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres. En considérant l’alimentation comme un droit fondamental pour toutes et tous (1), nous pouvons «mesurer» efficacement le bien-être de notre communauté.

Or malgré les engagements pris par notre pays, le droit à l'alimentation n'a jamais été reconnu dans la Constitution fédérale et ne fait pas partie de notre système politique général (éducation, agriculture, santé, etc.). Un seul chiffre devrait nous alerter : celui de l’augmentation générale du nombre de bénéficiaires de l'aide alimentaire dans notre pays(2).

C’est pourquoi, nous nous devons de revoir le système alimentaire actuel.
Parce que le droit à l'alimentation doit être garanti pour toutes personnes : chacun·e doit avoir accès à une alimentation adéquate et être à l'abri de la faim de manière à s'émanciper des soutiens charitables.

Manger relève d'un droit universel, ce ne doit être ni un privilège, ni un don. C'est un acte collectif, non réalisable sans l'intervention de tiers. Il doit être libre, régulier, quantitativement équilibré et qualitativement bon, car c’est la base d’une politique sociale et de prévention contre l’obésité, les maladies cardiovasculaires, le vieillissement précoce.

Le droit à l’alimentation est, en tant que bien commun, un droit fondamental de notre société.
Assurer l’approvisionnement de chacune et chacun en nourriture de qualité et saine, tout en garantissant des revenus dignes pour les agriculteur·trices, est un enjeu éthique et social. C’est un facteur de transformation des systèmes alimentaires en son entier en donnant les moyens aux agriculteurs et agricultrices de faire leur travail dans de bonnes conditions.
Manger, c’est aussi se relier à soi-même et plus important encore aux autres, à la famille, au voisinage.


1. Pour rappel, le droit à l'alimentation est reconnu par la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 et figure dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966, ratifié par la Suisse en 1992
2. Source: Fondation Partage

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